Pour Jérôme Bour, président de DDS Logistics, l’impact d’un éloignement de la zone de production ou d’approvisionnement est un facteur clé à prendre en compte dans le cadre de la stratégique globale de l’entreprise.
Définir en amont l’enjeu économique du transport
Face à une volonté politique de « redressement productif » de la France, beaucoup d’entreprises se demandent s’il est toujours opportun de délocaliser sa production ou s’approvisionner dans les pays où le prix de la main d’œuvre est moins chère.
« Il est vrai », souligne Jérôme Bour, «que ces pays représentent souvent un coût de production directe plus faible. Même si les salaires moyens augmentent significativement en Chine, il reste de nombreux pays du bassin sud-asiatique, tels que le Bangladesh ou le
Vietnam, où les coûts du travail sont encore bas. Cependant, il est prudent avant toute décision que l’entreprise mesure bien les contraintes spécifiques liées à la logistique du transport en provenance de ces pays. »
En effet, les conséquences financières de ce dernier, résultant de la configuration géographique éloignée, peuvent être à l’inverse de l’effet recherché. C’est pourquoi il est primordial de calculer à leur juste mesure l’ensemble des dépenses induit par une logistique
de transport lointain.
Ces précautions sont indispensables pour établir une analyse financière saine quand on sait que les coûts de sourcing, par exemple en Chine, représentent en moyenne de 30 à 50 % du prix de revient d’un produit alors qu’ils sont de 3 à 10 % si l’entreprise choisit un
approvisionnement de proximité !
Evaluer les risques
« Avoir conscience des différents facteurs -source de dysfonctionnement de la Supply Chain étendue – permet à la fois de mieux les anticiper et de mieux choisir le pays afin de réduire au maximum les éventuels problèmes qui peuvent survenir » recommande Jérôme Bour.
- Politiques d’une part : il faut estimer, avant de choisir un pays, le risque de tensions voire de conflits qui peut avoir des répercussions sur le travail ou le transport.
- De délai et de qualité d’autre part : le produit peut ne pas répondre aux critères exigés d’où une qualité inférieure, par ailleurs l’acheminement peut être plus long ou difficile que prévu entraînant un retard de livraison.
- De stock enfin : le temps de réapprovisionnement des stocks dû à la distance peut amener à vouloir fabriquer en plus grande quantité avec le risque d’être en sur-stock, ou à l’inverse entraîner une rupture de stock, avec dans les deux cas des conséquences financières négatives.
Cibler tous les paramètres de coûts
A ces effets pervers de la délocalisation lointaine s’ajoute le risque de ne pas estimer le coût réel du transport.
Il est donc important de lister tous les postes de dépense de la Supply Chain pour éviter les mauvaises surprises et de les chiffrer précisément : le coût logistique à proprement parlé (transport et entreposage) bien sûr mais aussi le coût du dédouanement, le coût des frais
financiers (valeur du stock flottant…), le coût des frais administratifs (lettres de crédit…), le coût du change, le coût du suivi qualité (certification, documentation,…), ou encore le coût de l’assurance. Sans oublier bien sûr, la tendance durable de hausse du coût du baril de
pétrole et son impact direct sur les coûts de transport.
Analyser les différentes alternatives
« Pour prendre la bonne décision en matière de délocalisation et choisir le pays de sourcing, le mieux est de réaliser des simulations de coûts et de comparer les situations » conseille Jérôme Bour.
Pour cela, il existe différents outils qui permettent non seulement d’avoir une idée précise en amont du coût total à destination mais aussi de bénéficier ensuite de la maîtrise complète de la gestion de la Supply Chain avec au final un gain de rentabilité estimé de 5 à 10 % grâce à la baisse du budget achats directs plus logistique.
« Pour maîtriser tous ces paramètres et prendre la bonne décision sur les pays de sourcing ou de localisation de la production, la clé du succès est une collaboration actives entre les responsables des achats ou de la production et les responsables de la supply chain. Dans
ce contexte, la logistique est devenue un élément de décision stratégique » conclut Jérôme Bour.